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Titre : Drabbles
Auteur : Sayana
Base : Tétralogie LVDLA
Note de l’auteur : Je prends le mot "drabble" au sens premier du terme, à savoir un très court texte en 100 mots exactement. Les parenthèses désignent le thème du concours ou les destinataires.
Bonne lecture !

 

Drabbles

 

Fantasmagorie (Marie & Chistian - Ze Lamélie)

" Et nous allons maintenant écouter le dernier tube de Fanny Greyson …" Comme à chaque fois qu’elle entendait ces quelques mots, Marie éteignit la radio d’un geste sec. Et comme à chaque fois, elle ne put justifier raisonnablement sa contrariété. Ni pourquoi elle ressentait cette pointe de jalousie qui lui taraudait le coeur. La situation était pourtant limpide, Fanny et Christian étaient mariés, follement amoureux l’un de l’autre et parfaitement heureux ensemble. A cette pensée objective mais tellement douloureuse, Marie ferma les yeux un instant, et le visage inaccessible de Christian lui apparut, fantasme inconcevable, passion insensée …

 

Déclic (Marie & Chistian - Ze Lamélie)

Sous le choc, Christian ferma les yeux un instant et essaya d’analyser les sentiments confus qui lui vrillaient le coeur depuis quelques minutes ... Stéphanie enlevée ... Mais étrangement, c’était Marie que Christian imaginait prisonnière d'un malade, malmenée, voire en danger de mort. Pourquoi cette pensée incongrue ? Et surtout, pourquoi lui glaçait-elle le sang de cette façon ? Christian dut alors s’avouer qu’il éprouvait cette même angoisse diffuse chaque fois que Marie accomplissait son périlleux travail de capitaine de police. Mais son tourment n’avait aucune légitimité réelle, et c’était probablement le plus difficile à supporter …

 

Information (confinement)

Hélène était assise dans l’un des fauteuils du salon et regardait la télévision, effarée. Elle n’arrivait pas à croire aux dernières nouvelles qui lui parvenaient. En effet, ce terrible mot, confinement, était tombé un peu plus tôt. Et depuis des heures, les informations tournaient en continu, montrant des images de rues désertes, d’écoles fermées, de commerces aux rideaux clos, tous ces signes d’un pays brusquement et totalement à l’arrêt. Hélène finit pourtant par se ressaisir et murmura, incrédule : « Alors, comme ça, c’est vrai, il existe bien un monde à l’extérieur de cette maison !? »

 

Quarantaine (confinement)

Depuis des heures, confortablement installé dans la véranda, Peter télétravaillait sur son ordinateur, le téléphone à portée de main. Il avait pu à loisir observer tout le petit monde qui gravitait sans cesse autour de lui, se cherchant et s’appelant, traversant en coup de vent les pièces ou descendant prendre l’air dans le jardin, sans jamais dépasser les murs et le portail qui délimitaient leur univers actuel. A l’évocation de cette agitation perpétuelle, Peter eut un petit sourire ironique : « Avec tous ces occupants, j’ai l’impression que la moitié du pays est confinée dans cette maison ! »

 

Intrusion (confinement)

José s’était figé sur le seuil de la chambre, les yeux exorbités d'incompréhension et de colère. Comment était-ce possible ? Entre ses deux femmes paisiblement endormies se trouvait une intruse, Emilie. Etant donné les événements, c’était complètement inconscient de leur part. En effet, leur trouple avait fini par fonctionner, ils se sentaient bien maintenant tous les trois, ils vivaient totalement en vase clos. Alors comment Cathy et Béatrice avaient-elles pu oser introduire cette femme chez eux !? Dans leur lit, même ! « Je crois que certaines n’ont vraiment rien compris au concept de confinement ! » pesta José, furieux.

 

Distanciation (confinement)

José se tenait debout au pied du lit, perplexe. Il regardait Cathy et Béatrice dormir, chacune à sa place, avec un petit espace entre elles pour accueillir leur homme. Mais ce dernier hésitait pourtant à rejoindre ses deux femmes. En effet, les derniers événements provoquaient en lui de nombreux questionnements. Etant donné les circonstances, était-il encore raisonnable de continuer à partager le même lit à trois ? Non, la situation était devenue trop dangereuse, cela ne pouvait plus durer ainsi. « Mais si je veux respecter les gestes barrières, où est-ce que je vais dormir, moi, maintenant ? » murmura José, dépité.

 

Trop injuste ! (injustice)

Olga jubilait, elle avait enfin réussi à coincer Nicolas pour un déjeuner seul à seule. Mais son doux fantasme avait soudain viré au cauchemar. En premier lieu, c'était Jeanne qui avait téléphoné pour donner de ses nouvelles. Puis Audrey était revenue du collège en signalant que Marie attendait son homme dans le jardin. Nicolas était parti aussitôt en prévenant de ne pas l'attendre pour le repas car il devait passer voir Ingrid. « La vie est trop injuste avec moi ! », grommela Olga en proférant des insultes mentales à l'égard de ce harem trop envahissant qui gâchait toujours tout.

 

Injustice

Bénédicte attendait désespérément des nouvelles de José, son coeur balançant entre culpabilité infinie et sentiment d'injustice. Bien sûr, c'était de sa faute si son mari était parti fou de rage après avoir découvert son infidélité avec Tom, et elle s'en voulait énormément. Mais en même temps, José l'avait trompée maintes et maintes fois durant ces vingt années, et elle en avait beaucoup souffert. De quel droit se permettait-il ainsi de la juger et de la traiter de tous les noms ? Ce comportement était profondément arbitraire et égoïste, et cela la révoltait au plus haut point.

 

Sauvetage (l'eau)

Un cri de détresse sonnant comme un terrible adieu. « J'me casse !  » Un hurlement d'effroi qui retentit vainement. « José, fais pas le con ! » Un plongeon interminable du haut de la falaise. Le bruit d'un corps tombant dans la mer. Puis plus rien. Seulement le fracas des vagues se brisant sur les rochers. Et soudain un second saut. Le piège implacable qui se referme. Une lutte terrible. Contre l'eau. Contre lui. Contre sa volonté de mourir. Une supplique désespérée. « Nico, laisse-moi, putain ! » Une prière emplie de désarroi. « Arrête, s'il te plaît ! » Et enfin le soulagement, incommensurable ...

 

Revanche

Hélène éclata de rire, à la fois légèrement honteuse et délicieusement réjouie. « Je crois que Peter est en train de piquer José à Nicolas ... » Cette remarque goguenarde de Bénédicte sur l'amitié de leurs hommes avait déclenché chez Hélène une réponse jubilatoire. « C'est une habitude chez lui, il lui pique tout ... » L'ancienne Hélène, triste et effacée, n'aurait probablement jamais osé une telle pique passablement mesquine. Mais la nouvelle Hélène, amoureuse et épanouie, s'autorisait maintenant des pensées et des paroles totalement inattendues, vengeresses et libératrices. Oh oui, que la revanche pouvait être douce après tant de chagrin !

 

Ménage à trois

« Oh, une petite scène de ménage entre nos petits tourtereaux ... » Nicolas sentit son coeur se serrer douloureusement mais il ne laissa rien paraître de son désarroi et continua de plaisanter pour donner le change. Mais la petite moquerie de Bénédicte et le terme « ménage à trois » que venait d'employer Peter résumaient bien les sentiments actuels de Nicolas. Il avait la sensation qu'il était en train de perdre José. A ses yeux, Peter s'immisçait dangereusement dans leur relation, brouillait leur amitié complice, bousculait leur adoration mutuelle. Et son faible « Et moi ? » n'en était qu'une triste illustration …

 

Potes

Et soudain tout devient vrai ... « Ben voilà, on l'a fait » … Tellement incroyable et pourtant si réel … « J'aurais jamais pensé à ça, jamais » … Un rêve insensé, inconcevable fantasme, qui prend vie dans ce lit … « C'était super, j'ai jamais ressenti ça avec aucune femme » … Une constatation qui tombe comme un couperet … « Tu te rends compte qu'on est gays » … Relation insoupçonnable … « On se connaît depuis vingt ans » … Inconcevable … « On est potes » … Inavouable … « C'est de l'affection » … Implacable destin … « C'est nous là, c'est toi et moi » … Un avenir improbable tout autant qu'inéluctable se dessine enfin …

 

Consolation

Il avait eu tellement peur de le perdre. Alors entendre José plaisanter ainsi était un véritable soulagement pour Nicolas. Mais la boutade de son ami, « Dis-moi, si on se mariait !? » , avait éveillé en lui une douleur indicible. L'espace d'un bref instant, cette proposition lui avait fait oublier la triste réalité. Mais cette autre phrase, « J'peux pas, je suis déjà marié ! » , lui avait aussitôt cruellement rappelé que José était déjà engagé avec une autre et qu'il n'y avait plus aucun espoir pour lui. Mais peu importait finalement, José était vivant et c'était l'essentiel.

 

Cri du coeur

Allongé sur son lit d'hôpital, José fixait le plafond, perdu dans ses pensées. Il ne pouvait s'empêcher de songer à cette phrase qu'il avait prononcée un peu plus tôt, ce cri du coeur qu'il n'avait pu retenir. « Dis-moi, si on se mariait ? » . Nicolas avait rigolé à cette boutade, et ils avaient continué leur conversation en plaisantant. Mais José réalisait amèrement à quel point sa proposition était tout à la fois totalement sincère et parfaitement illusoire. « J'peux pas, je suis déjà marié ! » Ses véritables sentiments resteraient donc enfouis au plus profond de lui-même.

 

Rouge le soir (soleil)

Laly avança de quelques pas sur le sable encore chaud, les doigts écartés devant ses yeux pour former un cadre encerclant le soleil se couchant à l'horizon. Elle déplaça ses mains légèrement vers la gauche puis pencha la tête un peu à droite, ses doigts zoomant sur l'astre rougeoyant. Et soudain, elle sauta dans les bras de Stéphane qui l'air dubitatif la regardait scruter le ciel de cette fin de soirée en parlant toute seule. «Oh Stéphane c'est génial ! Jeanne a survécu à son accident d'avion, c'est le soleil qui me l'a dit !»

 

Feu ardent (soleil)

José caressait avec lenteur et volupté le corps délicieusement alangui au soleil, ses doigts effleurant sensuellement la peau chaude et soyeuse. Bras, épaules, dos, reins, il profitait avidement de chaque parcelle brûlante offerte à ses mains ardentes. Une brise légère faisait voleter les beaux cheveux blonds sur la nuque si désirable, et il dut se retenir pour ne pas y déposer un baiser. Mais la voix agacée de Bénédicte interrompit soudain le rêve éveillé. «José, quand tu auras fini de passer de la crème solaire à Nicolas, tu pourras t'occuper un peu de ta fiancée s'il te plaît !?»

 

Panne de confiance (coincés dans l'ascenseur)

Laly pénétra avec appréhension dans l'ascenseur vétuste et ses craintes se confirmèrent lorsque l'appareil se bloqua soudain et la lumière s'éteignit. Hélène rassura ses amis, prédisant que cela ne durerait pas. Le silence se fit, seulement troublé par un léger bruit que Laly identifia comme un baiser. Elle gloussa intérieurement en pensant que Nicolas profitait de l'occasion pour câliner Hélène. Lorsque la lumière revint, Laly constata que son amie paraissait choquée, tandis que Nicolas et José regardaient leurs pieds, gênés. Laly rougit brusquement en comprenant ce qu'il venait de se passer entre les deux hommes ...