Titre : Does anyone know
Auteur : Sayana
Base : Les Vacances de l'Amour
Note : Participation au concours du forum d'Olivia sur le thème
des couples fictifs.
Commentaire : Et je crois qu'on peut guère faire plus fictif
comme couple ^^; !
Disclaimer : Les personnages de LVDLA appartiennent à JLA and
Co. La chanson "Does anyone know" est chantée par le groupe
Scorpions.
Bonne lecture !
Does Anyone Know
Is
this world out of control
Say what is right what is wrong
Quelques
minutes … Quelques heures … Peut-être depuis toujours …
Hélène ne savait plus exactement depuis combien de temps elle
fixait ainsi l'océan, assise sur le sable, les jambes remontées
contre sa poitrine, les yeux perdus dans les vagues qui venaient inlassablement
s'échouer à ses pieds, l'hypnotisant, la réconfortant,
l'anéantissant.
Elle aurait aimé plonger dans cette eau si attirante, s'y détendre,
s'y perdre, et peut-être ne jamais en revenir.
Ne plus souffrir, ne plus ressentir cet incroyable mélange de sentiments,
trahison, échec, frustration, détresse, dégoût, haine,
et bien d'autres encore qui se bousculaient en elle depuis des jours et la rendaient
folle ...
Oublier cette douleur terrible, insupportable, tout oublier à jamais
…
Do
I know this world at all
I think I do but then I don't
Hélène
haussa mentalement les épaules.
« Pff, ça n'en vaut pas la peine. Il n'en vaut pas la peine. »
Mais cette pensée amère ne la réconforta guère,
elle souffrait trop. Et en finir avec la vie était si dangereusement
tentant …
I'm
confused by what I see
I try to understand
But it makes no sense at all
Mais
elle n'en avait pas le courage.
C'était trop inutile … Trop lâche … Trop indigne ...
Ce n'était pas elle ...
Ce n'était pas la Hélène, tellement stable, tellement réfléchie,
tellement forte aux yeux de tous ses amis …
Tellement illusoire plutôt.
Oh, c'est vrai, elle avait peut-être été « parfaite »
du temps heureux de la Faculté où les soucis s'envolaient d'un
battement d'aile. Cette merveilleuse époque où tout paraissait
si simple et si compliqué à la fois.
En ce temps, Hélène était là, toujours là,
pour gérer les petits conflits, les relations parfois complexes dans
la bande. Toujours présente pour écouter, apaiser, raisonner.
Toujours prête à aider ses amis.
A présent, c'était elle qui avait besoin d'une oreille attentive.
Qui avait besoin de se confier.
I'm
confused by what I feel
I thought that our love
Was something that is real
Mais
elle, elle était seule.
Seule parce qu'elle n'avait pas osé parler de ce qu'elle ressentait,
exprimer ses sentiments, sa tristesse mêlée de colère, d'incompréhension.
Seule parce qu'elle ne se sentait pas le droit d'être aussi malheureuse.
Seule parce que cette fois, elle savait qu'elle l'avait définitivement
perdu.
Cette fois, elle ne pouvait plus lutter. Le combat était devenu inégal.
Sans espoir.
Et cette pensée la mettait au supplice.
Does
anyone know
The truth we're looking for
Can't find it anymore
Hélène resserra les bras autour de ses jambes, posa le front contre ses genoux, et laissa enfin libre court à ses larmes trop longtemps retenues.
Does
anyone know
How to make me feel
For something that is real
-
Hélène ?
La jeune femme sursauta brusquement, releva la tête en essuyant furtivement
ses yeux et regarda avec étonnement celle qu'elle n'avait pas entendue
arriver.
- Jeanne ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Comment m'as-tu trouvée ?
Celle-ci ne répondit pas tout de suite, s'asseyant en tailleur à
côté de son amie, lui laissant un peu de temps pour reprendre contenance.
- Par pur hasard, je ne te cherchais pas en fait. C'est sur cette plage un peu
isolée que je viens moi aussi quand je ne me sens pas très bien
et que j'ai besoin de faire le point.
Hélène l'observa un instant sans rien dire et vit à ses
yeux rougis qu'elle aussi avait pleuré. Certainement pour des raisons
identiques aux siennes.
- Pfff ! Si on m'avait dit que ça finirait comme ça un jour …
murmura t-elle en secouant la tête avec fatalisme.
Jeanne acquiesça tristement.
- C'est une drôle de situation quand même … Je ne m'y attendais
tellement pas, ça me semble si irréaliste … Si impossible
… Si … Je ne sais même plus quoi penser …
Hélène sourit amèrement.
- Bah, au moins les choses sont claires, on sait à quoi s'en tenir.
Et après un temps, presque pour elle-même :
- Nous voilà maintenant à égalité, revenues en quelque
sorte au point de départ.
So
many things that I recall
When we were young just flying high
Elles
se regardèrent un moment en silence, cherchant dans le regard de l'autre
d'improbables réponses à des questions inavouées.
- Tu crois que je … Que j'ai fait quelque chose de mal ? Enfin, que c'est
de ma faute ?
- Ou peut-être notre faute à toutes les deux, qui sait …
On n'a peut-être pas su faire ce qu'il fallait pour le garder. Trop de
doutes, d'hésitations ... Mais est-ce que l'on peut réellement
parler de faute ? Est-ce qu'il faut vraiment chercher une quelconque faute ?
C'était peut-être simplement écrit … Est-ce que quelqu'un
sait ?
Hélène avait prononcé ces derniers mots en levant les yeux
vers le ciel d'un bleu tellement éclatant qu'il semblait lui-même
lever ses incertitudes.
- Oui, tu as sûrement raison. Mais ça a été un tel
choc pour moi, un tel bouleversement. Une telle remise en question …
Jeanne s'interrompit.
- Mais je suis bête, tu dois sûrement savoir ce que j'éprouve
… En fait, tu dois ressentir exactement la même chose que moi, même
si tu ne le dis pas ouvertement … Je me trompe ?
Hélène ne réagit pas, mais son silence et son visage défait
exprimaient son désarroi mieux que les mots.
Can
we turn our fate at all
I wish we could say don't you cry
-
Non, tu te trompes, finit-elle pourtant par répondre après un
long moment de réflexion. Toi tu étais sa compagne, la femme qu'il
aimait, tu partageais son existence depuis des années, ta douleur et
ta colère sont parfaitement légitimes. Moi je n'étais plus
rien pour lui, rien d'autre qu'un vieux souvenir, une sorte de parasite qui
s'accrochait désespérément à sa vie en espérant
en refaire partie un jour. Je n'ai pas le droit de me plaindre.
Des larmes coulaient pourtant de ses yeux, contredisant ses paroles, révélant
le plus profond de son coeur. Jeanne en fut tellement émue qu'elle en
oublia un instant sa propre tristesse pour tenter de consoler son amie.
- Tu l'aimais, et ce simple fait te donne le droit d'être malheureuse.
Ce n'est pas une question de légitimité, c'est juste une question
d'amour. Nicolas t'a aimée, et je pense qu'il avait toujours des sentiments
pour toi même s'ils n'étaient plus tout à fait les mêmes.
Et ce sont toutes ces émotions contradictoires qui ont fragilisé
notre couple. Il n'a jamais pu m'aimer pleinement parce que tu étais
toujours là, quelque part, dans son coeur. Attends, je ne t'accuse de
rien ! protesta Jeanne en voyant le regard désolé d'Hélène.
Tu n'y es pour rien, je sais que tu n'as jamais rien fait pour le récupérer,
tu t'es toujours effacée pour permettre notre bonheur à tous les
deux. Et je ne pourrai jamais assez te remercier pour ça. Tu es vraiment
quelqu'un de bien !
- Merci, murmura simplement celle-ci en regardant la jeune femme avec gratitude.
De telles paroles de celle qui avait été sa « rivale »
pendant si longtemps la touchaient énormément.
- Toi aussi tu es quelqu'un de bien, Jeanne. Je l'ai perçu dès
le moment où je t'ai rencontrée. C'est pour ça que je me
suis effacée, parce que je savais que Nicolas serait heureux avec toi,
peut-être plus heureux qu'il ne l'aurait jamais été avec
moi. J'ai ressenti un tel amour entre vous que j'en ai été à
la fois désespérée et rassurée. Désespérée
parce que j'ai compris que Nicolas ne me reviendrait jamais. Rassurée
parce que je sentais qu'il avait enfin trouvé la femme dont il avait
besoin. Si ce n'était pas moi, ça ne pouvait être que toi,
la femme de sa vie … Pff, si j'avais su …
- Et moi donc ! répliqua Jeanne amèrement. J'ai toujours pensé
que si Nicolas me quittait un jour, ce serait pour retourner avec toi, son premier
amour. Si l'on m'avait dit qu'il me quitterait, effectivement, mais pour un
autre homme !
- Qui plus est quelqu'un de la bande, presque un frère … Ils ont
bien caché leur jeu tous les deux !
I'm
confused by what I hear
Girl it seems to me
We're losing after all
- Oui, Nicolas et José, qui aurait pu l'imaginer ?!
I'm
confused by what I feel
I thought that our love
Was something that is real
Un instant de douloureux silence s'établit entre elles, chacune se remémorant leur énorme choc en apprenant la nouvelle quelques jours plus tôt.
Does
anyone know
The truth we're looking for
Can't find it anymore
Nicolas
leur avouant qu'il ne pouvait plus vivre partagé entre ses sentiments
pour Jeanne et pour Hélène.
Nicolas leur annonçant qu'après tant de doutes et d'hésitations,
il avait enfin fait son choix et trouvé la stabilité qui lui manquait
auprès de quelqu'un.
Et ce quelqu'un, c'était tout simplement José, son ami de toujours,
celui avec qui il partageait tant de complicité. Tant d'amour en réalité.
Nicolas et José ... José et Nicolas ...
Does
anyone know
How to make me feel
For something that is real
Cette
relation avait tellement surpris tous leurs amis qu'il leur avait fallu plusieurs
jours pour digérer la nouvelle. Plusieurs jours de questionnements, de
méfiance, de reproches.
Ils avaient pourtant fini par accepter, ou du moins seulement tolérer
pour certains, ce couple un peu hors normes.
Hélène et Jeanne faisaient partie de ces derniers, ce qui après
tout était tout à fait compréhensible. Se faire plaquer
par l'homme de sa vie était déjà dur à avaler. Se
faire plaquer pour un autre homme était encore moins évident.
Elles s'efforçaient toutes deux de faire contre mauvaise fortune bon
coeur, mais ce n'était pas facile. Chaque jour passé leur renvoyait
en effet l'image de ce nouveau bonheur presque indécemment affiché
à leurs yeux.
Oui, Nicolas et José étaient parfaitement heureux ensemble et
c'était peut-être le plus difficile à reconnaître
pour elles.
Another
day has just begun
Life goes on there's no return
-
Dis-moi Hélène, tu crois qu'on aurait mieux réagi si Nicolas
m'avait quittée pour une autre femme ? Je veux dire, le fait qu'il soit
tombé amoureux de José est assez … vexant pour nous, on
va dire ça comme ça. Malgré nos atouts féminins,
nous n'avons semble t-il jamais su lui apporter ce dont il avait besoin, et
il est allé combler ce manque ailleurs. Auprès d'un autre homme
qui plus est. Ce n'est pas banal comme situation. Et c'est dur à admettre.
Hélène semblait complètement perdue dans ses pensées
et elle mit un long temps avant de répondre.
- Je ne sais pas ... J'avoue que ma fierté en a pris un grand coup, et
je crois finalement que c'est ce que j'ai le plus de mal à supporter.
Oui, comme tu dis, c'est assez blessant de voir Nicolas heureux avec un autre
homme. Se dire que l'on n'a pas su y faire, que l'on a une part de responsabilité
dans ce qui arrive. C'est peut-être vrai. Mais c'est aussi et surtout
le destin, et on ne peut rivaliser avec lui. La lutte est perdue d'avance, il
n'y a plus rien à faire. Et c'est peut-être ça qui fait
le plus mal, acheva t-elle dans un sanglot.
How
can I trust anyone
When honesty is such a dirty word
Jeanne,
sentant Hélène à bout de nerfs, passa son bras autour des
épaules de son amie qui se laissa aller contre elle, tête contre
tête.
Hélène finit par glisser elle aussi timidement son bras autour
de la taille de Jeanne qui resserra doucement son étreinte.
Elles restèrent ainsi un long moment sans parler, sans faire un geste,
cherchant seulement un peu de réconfort au contact de l'autre, profitant
d'une intimité douloureusement partagée.
Puis Jeanne se mit à caresser lentement les longs cheveux blonds dans
un geste maternel de consolation.
Les yeux fermés, Hélène profitait pleinement de ce moment
de détente qui lui faisait tant de bien.
Petit à petit pourtant, elle se détacha de ce doux contact et
se tourna vers son amie. Sentant ce regard posé sur elle, Jeanne fit
de même. Face à face, elles se fixèrent intensément,
partageant des émotions uniques, indescriptibles.
Toutes deux se penchèrent alors un peu en avant, et leurs lèvres
se frôlèrent dans un même mouvement hésitant.
Un peu surprises de leur audace, chacune eut un léger mouvement de recul.
Elles échangèrent un nouveau regard plein d'interrogations diverses,
comme si elles se demandaient mutuellement l'autorisation de prolonger cet instant
d'union magique.
Hélène enserra alors la taille de Jeanne de son autre bras, l'attirant
vers elle dans un geste d'infinie tendresse. Celle-ci fit monter sa main le
long du cou de la jeune femme, approchant son visage du sien.
Et leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau dans un baiser
d'abord timide, empli d'interdits.
Puis elles laissèrent libre cours à leurs émotions, partageant,
mélangeant leurs corps et leurs coeurs.
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Allongées
l'une contre l'autre, tendrement enlacées, elles regardaient le ciel,
bercées par le ballet incessant des oiseaux marins. Aucune ne parlait
de peur de briser ce moment unique.
Pourtant Hélène finit par se relever lentement, presque à
regret. Elle regarda Jeanne qui l'observait.
- On n'aurait pas dû …
- Pourquoi, tu regrettes ce qui s'est passé ?
- Oui … Non … Enfin je ne sais pas …
Hélène s'assit à nouveau sur le sable, pensive, les yeux
dans le vide. Elle se sentait perdue.
- Moi je ne regrette pas …
Jeanne avait prononcé cette phrase avec tant de conviction qu'Hélène
secoua la tête, un léger sourire aux lèvres.
- Non, c'est vrai, moi non plus … Mais …
Ce « mais » fit pousser un soupir à Jeanne qui
s'assit à son tour.
- Mais ce n'est pas une solution, c'est ça ?
Hélène la regarda gravement.
- Non, ce n'est pas la solution, en effet. Je ne regrette absolument pas ce
qu'il s'est passé, c'était un moment magique, tel que je n'en
ai jamais vécu. Mais c'était aussi et seulement l'union de deux
solitudes, de deux désespoirs.
- Je sais, approuva Jeanne. L'homme que nous aimons à la folie nous a
quittées toutes les deux, c'est là notre seul point commun. Et
ce n'est malheureusement pas suffisant pour construire un couple sur de telles
bases. Une telle union ne nous mènerait à rien.
Hélène acquiesça.
- Oui. Ce serait comme une sorte de vengeance, ou une consolation de l'amour
que nous avons perdu toutes deux. Une relation comme celle-ci serait presque
… Malsaine … Probablement destructrice, même ...
Does
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How to make me feel
For something that is real
-
Alors il ne nous reste plus qu'à oublier ce qu'il s'est passé
entre nous aujourd'hui.
Hélène prit la main de son amie dans la sienne et la serra très
fort, touchée par son air profondément triste.
- Non, je n'ai pas l'intention d'oublier cette journée. Je n'ai pas l'intention
de t'oublier, toi. J'étais au plus bas, et tu m'as empêchée
de sombrer totalement. Cette discussion avec toi m'a fait beaucoup de bien,
j'ai enfin compris que je n'étais plus seule avec mes sentiments cachés,
que je pouvais me confier à quelqu'un de compréhensif si j'en
avais besoin. Et ces instants de tendresse et de communion, si inattendus et
pourtant si forts, ont été pour moi comme une bouée de
sauvetage, ils m'ont redonné confiance en moi. Je sens que je pourrai
dorénavant me raccrocher à tout cela en cas de nécessité.
Rassérénée par ces paroles pleines d'affection et de reconnaissance,
Jeanne hocha la tête, souriante.
- C'est vrai, je ressens la même chose. Moi aussi je garderai toujours
le souvenir de cette journée particulière gravé dans mon
esprit, et je sais que j'y repenserai chaque fois que je n'aurai pas le moral.
Hélène sourit à son tour, soulagée que son amie
partage le même point de vue sans lui en vouloir.
- Oui, ce souvenir sera notre réconfort mutuel. Notre secret partagé.
- Et nous ne seront plus jamais seules avec nos peines.
- Non, plus jamais seules.
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Main dans la main, Jeanne et Hélène se sourirent, confiantes, apaisées, et elles scellèrent ce pacte symbolique par un dernier baiser.
Does anyone know
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For something that is real
FIN